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UNE FILLE DE L’AURORE

ment derrière lui, ses chiens conducteurs touchant le traîneau de son rival.

Ils avaient parcouru la moitié de la surface glissante, lorsque leurs relais se précipitèrent de la rive au-devant d’eux. Mais Harrington ne ralentit pas sa course pour cela. À l’instant précis où le nouveau traîneau fut à sa hauteur, il sauta dessus et se mit à crier en pressant l’allure des chiens tout frais. L’autre conducteur se laissa glisser comme il put du véhicule en marche. Savoy agit de même avec son propre relais, et les deux attelages abandonnés, privés de direction, entrèrent en collision avec ceux qui les suivaient. Un pêle-mêle inextricable s’ensuivit.

Harrington menait un train endiablé, et Savoy le serrait de près. Parvenus près de la berge, ils furent de niveau avec le traineau de tête, et les premiers à aborder la piste étroite entre ses talus de neige molle. Dawson, admirant ce spectacle sous la clarté de l’aurore boréale, jura que c’était du beau travail.

Les hommes ne peuvent endurer longtemps sans feu ou sans se livrer à un exercice violent, un froid de soixante degrés au-dessous de zéro. Harrington et Savoy se conformant donc à la vieille coutume du Nord. Sautant de leurs traîneaux, guides en main, ils couraient derrière pour rétablir la circulation du sang et se réchauffer, puis remontaient jusqu’à ce que le froid les eût saisis de nouveau.

Ce fut ainsi qu’ils couvrirent les deuxième et troisième relais. À plusieurs reprises, sur la glace unie,