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SIWASH

rejoindre. C’est ce que je fis. Je t’assure que s’ils avaient vu avec quelle agitation je bondissais sur les roches de la crête, vers mon sloop, ils auraient bien cru que j’étais moi-même ensorcelé.

« Bon Dieu ! Avec quelle vitesse nous filâmes chassés par le Taku, le pont balayé par les vagues glaciales. J’aurais voulu que tu fusses là pour voir.

« Nous restâmes la moitié de la nuit sur le pont, où nous avions été obligés de tout attacher. J’étais à la barre, et Tilly cassait la glace. Enfin, nous arrivâmes à l’île du Porc-Épic, et nous nous mîmes à l’abri dans la baie. Nos couvertures étaient trempées ; Tilly fit sécher les allumettes sur sa poitrine.

« Tu vois donc que je m’y connais un peu, hein ! Durant sept ans, Dick, nous avons été mari et femme, par le beau temps comme par la tempête… Et puis elle est morte au cœur de l’hiver, morte en couches, là-haut, à la station du Chilcat.

« Jusqu’à la dernière minute, elle me tint la main ; la glace grimpait à l’intérieur de la porte et couvrait l’appui de la fenêtre d’une couche épaisse.

« Au dehors, c’était le Silence, à peine rompu par le hurlement d’un loup solitaire. À l’intérieur, c’était encore le Silence et la Mort.

« Tu n’as jamais entendu le silence, Dick ? Dieu t’accorde de ne jamais l’entendre lorsque tu seras en présence de la mort ! Certainement on l’entend. La respiration vous paraît siffler comme une sirène, et le cœur fait comme la houle sur le rivage.

« C’était une Siwash, Dick, mais une femme !