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SIWASH

« Bon Dieu ! Elle n’eut pas un sursaut en reconnaissant ma voix. Très lentement elle tourna la tête de mon côté et, le visage impassible, elle me fit le petit signe de quelqu’un qui tend l’oreille.

« — Tu iras sur la haute falaise, au bord de la glace. Je te rejoindrai.

« Aussitôt je mis le pied sur la queue du molosse, couché devant moi et j’appuyai jusqu’à la faire craquer. L’animal se redressa férocement ; il crut me happer dans ses mâchoires ; mais j’avais déjà enjambé le second chien que je projetai contre le furieux.

« — File ! criai-je en même temps à Tilly.

« Tu sais comment ces chiens se battent. En un clin d’œil, il y en avait un cent aux prises, cul par-dessus tête, se mordant et se déchirant. Les gosses et les femmes se bousculaient de tous côtés ; tu aurais dit un camp de fous. Je te laisse à penser si Tilly s’esquiva promptement.

« Je me gardai bien de suivre aussitôt ses traces. Une double fuite aurait pu attirer l’attention sur nous. J’attendis un moment ; et, dans ce moment-là, j’eus l’envie folle d’aller narguer mon George en me glissant hors de mes couvertures. Je ne sais comment j’ai pu résister au désir de me moquer de lui et de tous ces imbéciles en leur laissant croire que la fiancée s’était envolée vers le ciel sous l’effet de mes passes magiques.

« Mais trêve de blagues. M’exposer, c’était exposer aussi ma belle. Et puis il me tardait joliment de la