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SIWASH

glace au point que je ne pouvais amener la grande voile, ni le falot.

« D’abord, je commençai par m’enfiler une pinte de whisky pur de mon chargement ; puis, laissant le tout en l’état, je me dirigeai à travers la plaine vers le camp.

« Pas d’erreur, c’était le jour de gala. Les Chilcoots étaient venus en masse, chiens, enfants et pirogues, sans parler de la tribu des Oreilles-de-Chiens, de celle des Petits-Saumons et des gens des Missions.

« Il y avait bien cinq cents Indiens pour célébrer les fiançailles de Tilly, et pas un homme blanc à vingt milles à la ronde.

« Personne ne fit attention à moi ; du reste, on n’aurait pas pu me reconnaitre, car ma couverture me cachait le visage. Je me frayai un passage parmi les chiens et les enfants et j’atteignis le premier rang. La fête avait lieu dans un grand espace libre entre les arbres. De grands brasiers étaient allumés et la neige battue par les mocassins était dure comme du ciment de Portland. Non loin de moi, j’aperçus Tilly, somptueusement vêtue d’écarlate, parée de colliers, et en face d’elle le chef George et ses principaux guerriers.

« Le shaman[1] officiait avec le concours des grands sorciers des autres tribus.

« Sans savoir pourquoi, je pensai aux gens de

  1. Shaman, c’est-à-dire prêtre