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SIWASH

chant de ton couteau sur une barre de cabestan ?

— Je ne veux pas te contredire ; mais à prendre femme, j’en choisirais maintenant une avec un peu moins de tranchant.

— Qu’en sais-tu ? répliqua Dick.

— J’ai mes raisons pour parler ainsi, répondit Tommy, qui se pencha pour prendre les bas mouillé de Molly et les tendit en travers de ses genoux afin de les faire mieux sécher.

Dick jeta sur son ami un coup d’œil mélancolique. Il alla prendre dans la musette de la femme divers vêtements tout trempés et revint vers le poêle pour les exposer à la chaleur.

— Je croyais t’avoir entendu dire que tu ne t’étais jamais marié ? dit-il.

— J’ai dit ça, moi ? Possible… Pourtant non… c’est-à-dire, oui ; j’ai été marié ! Et jamais femme n’a été plus dévouée pour un homme.

— Elle a chassé sur l’ancre ? demanda Dick avec un geste qui symbolisait l’infini.

— Hélas ! oui, répondit Tommy, qui ajouta après un instant de silence : elle est morte en couches.

Les haricots bouillaient en chantonnant sur le devant du poêle ; il poussa la casserole vers une surface moins chaude. Après avoir examiné avec soin les biscuits et s’être assuré de leur degré de cuisson en les piquant avec un éclat de bois, il les mit de côté en les couvrant avec un linge humide.

Dick, suivant l’habitude des personnes de son tempérament, savait maîtriser sa curiosité. Il se