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SIWASH

Tommy se hâta de rattacher les rideaux et revint larmoyer devant le poêle fumant à côté de Dick Humphries, qui, ayant achevé de réparer ses courroies, alluma sa pipe.

Molly s’était rendue à l’évidence ; mais ce ne fut pas pour longtemps.

— Et mes vêtements ? s’écria-t-elle tout à coup d’une voix étranglée, l’instinct féminin reprenant le dessus. Et mes vêtements ? Ils sont en haut de la cache ; ils vont être perdus, perdus, vous dis-je.

— Allons ! allons ! interrompit Dick qui, pour couper court à ces jérémiades, ajouta : Ne vous faites pas de bile pour cela, ma petite dame. Je suis assez vieux pour être le frère de votre père, et j’ai une fille plus âgée que vous. Je vous renipperai quand nous serons arrivés à Dawson, devrait-il m’en coûter jusqu’à mon dernier dollar.

— Quand nous serons arrivés à Dawson !… Elle dit ces mots de son ton le plus méprisant… Vous pourrirez en route. Vous vous noierez dans la boue, tas de… d’Anglais !…

Elle jeta ce dernier mot comme la pire des injures ; s’il ne pouvait remuer ces hommes, mieux valait y renoncer.

Le sang de la colère montait au visage de Tommy et rougissait sa nuque. Pourtant il continua à avaler sa langue. Mais le regard de Dick s’attendrit. Dick possédait sur Tommy l’avantage d’avoir eu comme épouse une femme blanche.

Ces hommes étaient des Britanniques. Durant de