plante de ses pieds. Le porc-épic, à son approche, poussa son cri de bataille et fit claquer ses longues dents. Il avait réussi à s’enrouler de nouveau, mais sans former, comme auparavant, une boule parfaite et compacte. Ses muscles étaient trop profondément atteints. À moitié déchiré, il saignait abondamment.
Un-Œil commença par enfourner dans sa gueule, à grosses bouchées, de la neige imprégnée de sang, la mâcha et, l’ayant trouvée bonne, l’avala. Ce lui fut un excitant de l’appétit et sa faim n’en fit qu’augmenter. Mais il était un trop vieux routier de la vie pour oublier sa prudence habituelle. Il attendit, tandis que le porc-épic continuait à grincer des dents et à jeter des cris variés, plaintes et grognements, entrecoupés de piaillements aigus. Bientôt, un tremblement agita la bête agonisante et les aiguilles s’abaissèrent. Puis le tremblement cessa. Les longues dents eurent un ultime claquement, toutes les aiguilles retombèrent et le corps, détendu, ne bougea plus.
D’un brusque coup de patte, Un-Œil retourna sur son dos le porc-épic. Rien ne se produisit. Il était certainement mort. Après avoir attentivement examiné comment il était conformé, le vieux loup le prit dans ses dents, avec précaution, et se mit en devoir de l’emmener, moitié traînant le corps, moitié le portant, et allongeant le cou pour tenir à distance de son propre corps la masse épineuse.
Puis il se souvint qu’il oubliait quelque chose et, posant par terre son fardeau, il trotta vers l’endroit où il avait laissé le ptarmigan. En ce qui