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sant rayonner dans toutes les directions ses longues aiguilles, dures et aiguës, qui défiaient une quelconque attaque. Le vieux loup avait, une fois, dans sa jeunesse, reniflé de trop près une boule semblable, en apparence inerte. Il en avait soudain reçu sur la face un coup de queue bien appliqué, qui lui avait planté, dans le nez, un dard tellement bien enfoncé qu’il l’avait promené avec lui pendant des semaines. Une inflammation douloureuse en avait résulté et il n’avait été délivré que le jour où le dard était tombé de lui-même.

Il se coucha sur le sol, confortablement étendu, à proximité du porc-épic, mais hors de la portée de sa queue redoutable et attendit. Sans doute la bête finirait-elle par se dérouler et lui, saisissant l’instant propice, lancerait un coup de griffe coupant dans le ventre tendre et désarmé.

Une demi-heure après, il était encore là. Il se releva, gronda contre la boule toujours immobile, et reprit sa route en trottant. Trop souvent déjà il avait, dans le passé, vainement attendu pour des porcs-épics enroulés. Il était inutile de perdre son temps davantage. Le jour baissait et nul résultat ne récompensait sa chasse. Pour lui et la louve, il fallait trouver à manger.

Il rencontra enfin un ptarmigan[1]. Comme il débouchait à pas de velours, d’un taillis, il se trouva nez à nez avec l’oiseau qui était posé sur une souche d’arbre, à moins d’un pied de son museau. Tous deux s’aperçurent simultanément.

  1. Grand oiseau de la famille des coqs de bruyère. (Note des Traducteurs.)