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et tourna en rond, plusieurs fois, sur elle-même. Puis elle rapprocha l’extrémité de ses quatre pattes et, détendant ses muscles, elle se laissa tomber par terre, avec un soupir fatigué, qui était presque un gémissement. Un-Œil, les oreilles pointées, l’observait maintenant avec intérêt et la louve pouvait voir, découpé sur la claire lumière, le panache de sa queue, qui allait et venait joyeusement.

Elle aussi, dressant ses oreilles en fines pointes, les mouvait en avant, puis en arrière, tandis que sa gueule s’ouvrait béatement et que sa langue pendait avec abandon. Et cette manière d’être exprimait qu’elle était contente et satisfaite.

Le vieux loup, n’ayant point été invité à y pénétrer, continuait à se tenir à l’entrée de la caverne. Il se coucha sur le sol et, vainement, essaya de dormir. Tout d’abord, il avait faim. Puis son attention était attirée par le renouveau du monde au brillant soleil d’avril, qui resplendissait sur la neige. S’il somnolait, il percevait vaguement des coulées d’eau murmurantes et, soulevant la tête, il se plaisait à les écouter. En cette belle fin de journée, le soleil s’inclinait sur l’horizon et toute la Terre du Nord, enfin réveillée, semblait l’appeler. La nature renaissait. Partout passait dans l’air l’effluve du printemps. On sentait la vie croître sous la neige et la sève monter dans les arbres. Les bourgeons brisaient les prisons de l’hiver.

Un-Œil invita du regard sa compagne à venir le rejoindre. Mais elle ne manifestait aucun désir de se lever. Une demi-douzaine d’oiseaux-de-la-