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Un-Œil, s’étant relevé, l’observait. Irrité de ces insuccès, lui-même il bondit dans un puissant élan. Ses dents se refermèrent sur le lapin et il l’attira à terre avec lui. Mais, chose curieuse ! le sapin n’avait point lâché le lapin. Il s’était, à sa suite, courbé vers le sol et semblait menacer le vieux loup. Un-Œil desserra ses mâchoires et, abandonnant sa prise, sauta en arrière, afin de se garer de l’étrange péril. Ses lèvres découvrirent ses crocs, son gosier se gonfla pour une invective, et chaque poil de son corps se hérissa, de rage et d’effroi. Simultanément, le jeune sapin s’était redressé et le lapin, à nouveau envolé, recommença à danser dans le vide.

La louve se fâcha et, en manière de reproche, enfonça ses crocs dans l’épaule du vieux loup. Celui-ci, de plus en plus épouvanté de l’engin inconnu, se rebiffa et recula plus encore, après avoir égratigné le nez de la louve. Alors indignée de l’offense, elle se jeta sur son compagnon qui, en hâte, essaya de l’apaiser et de se faire pardonner sa faute. Elle ne voulut rien entendre et continua vertement à le corriger, jusqu’à ce que, renonçant à l’attendrir, il détournât la tête et, en signe de soumission, offrît de lui-même son épaule à ses morsures.

Le lapin, durant ce temps, continuait à danser en l’air, au-dessus d’eux.

La louve s’assit dans la neige et le vieux loup qui, maintenant, avait encore plus peur de sa compagne que du sapin mystérieux, se remit à sauter vers le lapin. L’ayant ressaisi dans sa gueule, il vit l’arbre se courber, comme précé-