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comme de bons amis qui ont fini par se comprendre, chassant, tuant et mangeant en commun.

Ainsi passaient les jours, quand la louve commença à se montrer inquiète. Elle semblait chercher, avec obstination, une chose qu’elle ne trouvait pas.

Les abris que forment, en-dessous d’eux, les amas d’arbres tombés étaient, pour elle, pleins d’attrait. Pénétrant dans les larges crevasses qui s’ouvrent dans la neige, à l’abri des rocs surplombants, elle y reniflait longuement. Un-Œil paraissait complètement détaché de ces recherches, mais il n’en suivait pas moins, avec bonne humeur et fidélité, tous les pas de la louve. Lorsque celle-ci s’attardait un peu trop, dans ses investigations, ou si le passage était trop étroit pour deux, il se couchait sur le sol et attendait placidement son retour.

Sans se fixer de préférence en aucun lieu, ils pérégrinèrent à travers diverses contrées. Puis, revenant vers le Mackenzie, ils suivirent le fleuve, s’en écartant seulement pour remonter, à la piste de quelque gibier, un de ses petits affluents.

Ils tombaient parfois sur d’autres loups qui, comme eux, marchaient ordinairement par couples. Mais il n’y avait plus, de part ni d’autre, de signes mutuels d’amitié, de plaisir à se retrouver, ni de désir de se reformer en troupe. Quelquefois, ils rencontraient des loups solitaires. Ceux-ci étaient toujours des mâles et ils faisaient mine, avec insistance, de vouloir se joindre à la louve et à son compagnon. Mais tous deux, épaule contre épaule, le crin hérissé et les dents mauvaises,