s’accoupler, était chassé, à coups de dents, par les autres mâles. Il ne resta plus, au bout du compte, que la louve et son trio d’amoureux.
Tous trois portaient les marques sanglantes de ses morsures et elle demeurait toujours inexorable à chacun d’eux. Mais ils continuaient à ne pas se défendre contre ses crocs. Ils se contentaient, pour apaiser son courroux, de se détourner, en remuant la queue et en dansant devant elle de petits pas.
Aussi doux ils se montraient envers elle, aussi féroces étaient-ils l’un vis-à-vis de l’autre. Le loup de trois ans sentait croître son audace. Saisissant dans sa gueule, à l’improviste, l’oreille du vieux loup, du côté où celui-ci était borgne, il la déchira profondément et la découpa en minces lanières. Le vieux loup, s’il était moins vigoureux et moins alerte que son jeune rival, lui était supérieur en science et en sagesse. Son œil perdu et son nez balafré témoignaient de son expérience de la vie et de la bataille. Nul doute qu’il ne connût, en temps utile, ce qu’il avait à faire.
Magnifique en effet, lorsque l’heure en fut venue, et tragique à souhait fut la bataille. Le vieux loup borgne et le grand loup gris se réunirent pour attaquer ensemble le loup de trois ans et le détruire. Ils l’entreprirent, sans pitié, chacun de leur côté. Oubliés les jours de chasse commune, les jeux partagés jadis, et la famine subie côte à côte. C’étaient choses du passé. La chose présente, implacable et cruelle par-dessus toutes, était l’amour. La louve, objet du litige, assise sur son train de derrière, regardait, spectatrice pai-