très vieux. Les plus robustes marchaient en tête. Tous, tant qu’ils étaient, ils ressemblaient à une armée de squelettes. Mais leurs muscles d’acier paraissaient une source inépuisable d’énergie. Mouvements et contractions se succédaient, sans répit, sans fin que l’on pût prévoir, et sans effort apparent ni fatigue. La nuit et le jour qui suivirent, ils continuèrent leur course. Ils couraient à travers la vaste solitude de ce monde désert, où ils vivaient seuls, cherchant une autre vie à dévorer, pour perpétuer la leur.
Ils traversèrent des plaines basses et franchirent une douzaine de petites rivières glacées, avant de trouver ce qu’ils quêtaient. Ils tombèrent enfin sur des élans. Ce fut un gros mâle qu’ils rencontrèrent d’abord. Voilà, à la bonne heure ! de la viande et de la vie, que ne défendaient point des feux mystérieux et des flammes volant en l’air. Larges sabots et andouillers palmés, ils connaissaient cela. Jetant au vent toute patience et leur prudence coutumière, ils engagèrent aussitôt le combat. Celui-ci fut bref et féroce. Le grand élan fut assailli de tous côtés. Vainement, les roulant dans la neige, il assénait aux loups des coups adroits de ses sabots, ou les frappait de ses vastes cornes, en s’efforçant de leur fendre le crâne ou de leur ouvrir le ventre. La lutte était pour lui sans issue. Il tomba sur le sol, la louve pendue à sa gorge, et sous une nuée de crocs, accrochés partout où son corps pouvait livrer prise, il fut dévoré vif, tout en combattant et avant d’avoir achevé sa dernière riposte.
Il y eut, pour les loups, de la nourriture en