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IV

LA BATAILLE DES CROCS


C’était la louve qui avait, la première, entendu le son des voix humaines et les aboiements haletants des chiens attelés aux traîneaux. La première, elle avait fui loin de l’homme recroquevillé dans son cercle de flammes à demi-éteintes. Les autres loups ne pouvaient se résigner à renoncer à cette proie réduite à merci et, durant quelques minutes, ils demeurèrent encore sur place, écoutant les bruits suspects qui s’approchaient d’eux. Finalement, eux aussi prirent peur et ils s’élancèrent sur la trace marquée par la louve.

Un grand loup gris, un des leaders[1] habituels de la troupe, courait en tête. Il grondait, pour avertir les plus jeunes de ne point rompre l’alignement, et leur distribuait au besoin des coups de crocs, s’ils avaient la prétention de passer devant lui. Il augmenta son allure à l’aspect de la louve qui, maintenant, trottait avec tranquillité dans la neige, et ne tarda pas à la rejoindre.

Elle vint se ranger d’elle-même à son côté,

  1. Leader, conducteur ou chef de file. (Note des Traducteurs.)