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avait refermé ses crocs sur son bras. D’un mouvement instinctif, Henry sauta dans le feu et le loup lâcha prise, non sans laisser dans la chair une large déchirure.

Alors commença une bataille de flammes. Ses épaisses mitaines protégeant ses mains, Henry ramassait les charbons ardents, à pleines poignées, et les jetait en l’air dans toutes les directions. Le campement n’était qu’un volcan en éruption. Henry sentait son visage se tuméfier, ses sourcils et ses cils grillaient, et la chaleur qu’il éprouvait aux pieds devenait intolérable. Un brandon dans chaque main, il se risqua à faire quelques pas en avant. Les loups avaient reculé.

Il leur lança ses deux brandons, puis frotta de neige ses mitaines carbonisées, et dans la neige il trépigna pour se refroidir les pieds. Des deux chiens il ne restait plus trace. Ils avaient, de toute certitude, continué à alimenter le repas inauguré par les loups, il y avait plusieurs jours, avec Boule-de-Suif, et que lui-même, vraisemblablement, terminerait sous peu.

— Vous ne m’avez pas encore ! cria-t-il d’une voix sauvage, aux bêtes affamées, qui lui répondirent, comme si elles avaient compris ce qu’il disait, par une agitation générale et des grognements répétés.

Mettant à exécution un nouveau plan de défense, il forma un cercle avec une série de fagots, alignés à la file et qu’il alluma. Puis il s’installa au centre de ce rempart de feu, couché sur son matelas, afin de se préserver de l’humidité glaciale et de la neige fondante, que liquéfiait sur le