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adoration, à examiner, l’un après l’autre, tous ses doigts et comme ils s’adaptaient avec perfection aux rugosités de la branche qu’il brandissait. Puis, comme son petit doigt courait risque de se brûler, il le replia délicatement, un peu en arrière de la flamme.

La nuit s’écoula cependant sans accident et le matin parut. Pour la première fois, la lumière du jour ne dispersa pas les loups. Vainement l’homme attendit leur départ. Ils demeurèrent en cercle autour de lui et de son feu, avec une insolence qui brisa son courage, revenu avec la clarté naissante. Il tenta cependant un effort surhumain pour se remettre en route.

Mais à peine avait-il replacé son traîneau sur le sentier et s’était-il écarté, de quelques pas, de la protection du feu, qu’un loup, plus hardi que les autres, s’élança vers lui. La bête avait mal calculé son élan ; son saut fut trop court. Ses dents, en claquant, se refermèrent sur le vide, tandis qu’Henry, pour se préserver, faisait un bond de côté. Puis, reculant vers le feu, il fit pleuvoir une mitraille de brandons sur les autres loups, qui, excités par l’exemple, s’étaient dressés debout et s’apprêtaient déjà à se jeter sur lui.

Il demeura assiégé toute la journée. Comme son bois menaçait de s’épuiser, il étendit progressivement le foyer vers un énorme sapin mort, qui s’élevait à peu de distance et qu’il atteignit de la sorte. Il abattit l’arbre et passa le reste du jour à préparer, pour la nuit, branches et fagots.

La nuit revint, aussi angoissante que la précédente, avec cette aggravation que le besoin de