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III

LE CRI DE LA FAIM


La journée débuta sous de meilleurs auspices. Les deux hommes n’avaient pas perdu de chien durant la nuit et c’est l’esprit le plus léger qu’ils se remirent en chemin, dans le silence, le noir et le froid, Bill semblait avoir oublié ses sinistres pressentiments et quand, à midi, les chiens renversèrent le traîneau, à un mauvais passage, c’est en plaisantant qu’il accueillit l’accident.

C’était pourtant un effrayant pêle-mêle. Le traîneau, sens dessus dessous, demeurait suspendu entre le tronc d’un arbre et un énorme roc. Il fallut d’abord déharnacher les chiens, afin de les dégager et de démêler leurs traits. Ceci fait et tandis que les deux hommes s’occupaient de remettre sur pied le traîneau, Henry aperçut N’a-qu’une-Oreille qui était en train de se défiler en rampant.

— Ici, toi, N’a-qu’une-Oreille ! cria-t-il, en se retournant vers le chien.

Mais le chien, au lieu de lui obéir, fit un bond en avant et se sauva, en courant de toutes ses forces, ses harnais traînant derrière lui.