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— Hé ! gros chien, appela-t-il. Venez, vous ! quel que vous soyez !

— Il n’a pas de toi la moindre peur, dit Henry, en riant.

Bill agita sa main, fit semblant de menacer, cria à tue-tête. La bête ne manifesta aucune crainte et se contenta de se mettre légèrement en garde. Elle ne cessait point de dévisager les deux hommes, avec une fixité affamée. Son désir évident était, si elle l’osait, de venir à cette viande et de s’en repaître.

— Écoutez, Henry, dit Bill, en baissant la voix, très bas. Voici le cas d’utiliser nos trois cartouches. Mais il faut ne point manquer le coup et qu’il soit mortel, qu’en pensez-vous ?

Henry approuva et Bill, avec mille précautions, amena à lui le fusil. Mais à peine avait-il fait le geste de le lever vers son épaule que la louve, faisant un saut de côté, hors de la piste, disparut parmi les sapins.

Les deux compagnons se regardèrent. Henry sifflota, d’un air entendu, et Bill, se morigénant lui-même, remit en place le fusil.

— Je devais m’y attendre, dit-il. Un loup assez instruit pour venir partager le dîner de nos chiens doit être également renseigné sur les coups de fusil. Sa science est la cause de tous nos malheurs. Mais je le démolirai, aussi sûr que mon nom est Bill ! Puisqu’il est trop rusé pour être tué à découvert, j’irai le tirer de l’affût.

— Si vous voulez tenter de l’abattre, faites-le d’ici, conseilla Henry. Que la bande survienne autour de vous, en admettant que vos trois cartouches