Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est ce que je me suis dit tout d’abord, riposta Bill, avec gravité. Mais les traces laissées derrière lui par le septième animal sont encore marquées sur la neige. Je vous les montrerai, si vous le désirez.

Henry ne répondit point et se remit à manger en silence. Lorsque le repas fut terminé, il l’arrosa d’une tasse de café et, s’essuyant la bouche, du revers de sa main :

— Alors, Bill, vous croyez que cela était ?

Un long cri d’appel, à la fois lamentable et sauvage, jaillissant de l’obscurité, l’interrompit. Il se tut, pour écouter, et, tendant la main dans la direction d’où le cri était issu :

— C’est un d’eux, dit-il, qui est venu ?

Bill approuva de la tête.

— Je donnerais gros pour pouvoir penser autrement. Vous avez remarqué vous-même quel vacarme ont fait les chiens.

Cris et cris, après cris, se répondant, de près, de loin, de tous côtés, semblaient avoir mué tout à coup le Wild en une maison de fous. Les chiens, effrayés, avaient rompu leurs attaches et étaient venus se tasser, les uns contre les autres, autour du foyer, si près que leurs poils en étaient roussis par la flamme.

Bill jeta du bois dans le brasier, alluma sa pipe et, après en avoir tiré quelques bouffées :

— Je songe, Henry, que celui qui est là-dedans (et il indiquait, de son pouce, la boîte sur laquelle ils étaient assis) est diantrement plus heureux que vous et moi nous ne serons jamais. Au lieu de voyager aussi confortablement après notre mort, au-