Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/278

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vista, avec autant de crainte que d’intérêt. Les femmes n’étaient pas rassurées et vainement le juge Scott affectait de rire de leur terreur, par des « bah ! » répétés. C’était lui qui, dans les derniers jours de son exercice, avait condamné Jim Hall. Du crime qui lui était imputé, pour une fois, Jim Hall était innocent. La police avait, par un procédé dont elle est coutumière, décidé de liquider son compte et machiné sa perte, en produisant de faux témoignages. Le juge Scott, ignorant de la vérité, avait prononcé son arrêt de bonne foi. Mais Jim Hall l’avait cru complice et, lorsqu’il s’entendit condamner à cinquante ans de mort vivante, il se dressa dans la salle d’audience et se mit à hurler sa haine contre celui qui le frappait. Tandis que les policiers le traînaient dehors, il rugit qu’il se vengerait un jour.

Croc-Blanc ne pouvait rien connaître de tout cela. Mais du jour où l’on apprit à Sierra Vista que Jim Hall s’était évadé, il y eut entre le loup-chien et Alice, la femme du maître, un secret. Chaque nuit, après que tout le monde s’en était allé coucher, Alice sortait de sa chambre et faisait entrer Croc-Blanc dans le hall du rez-de-chaussée. Le matin, elle descendait la première et le remettait dehors. Car l’usage n’était point qu’il dormît dans la maison.

Or, une nuit, Croc-Blanc s’éveilla, dans le silence, et, sans bruit, renifla. Le message que l’air lui apporta fut qu’un dieu étranger était présent. Il tendit l’oreille et des bruits étouffés, d’imperceptibles mouvements furent perçus par lui. Il ne gronda pas. Ce n’était pas sa manière. Le dieu