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fuyait, arsenal vivant, à travers monts et vaux, poursuivi par toute la force organisée de la société. Sa tête avait été mise à prix et, dans l’espoir de toucher la prime, des fermiers le traquaient avec des fusils de chasse. Sa mort pourrait payer une gênante hypothèque ou servir à envoyer un fils au collège. Des citadins avaient pris, eux aussi, leur fusil, pour l’amour du bien public. Une meute de chiens féroces suivait sa trace, au sang qui coulait de ses pieds ensanglantés. Et d’autres chiens, chiens policiers qui courent au nom de la loi et sont payés par la société, ne le lâchaient pas non plus, acharnés à sa piste, avec l’aide du téléphone, du télégraphe et de trains spéciaux. Il arrivait parfois que Jim Hall fût rejoint par ses poursuivants. Héroïquement, de part et d’autre, on se faisait face, derrière un fil de fer barbelé. Le lendemain, dans les villes, les gens se délectaient à lire dans leur journal, après déjeuner, les détails de la rencontre. Il y avait eu un mort et tant de blessés. Mais d’autres hommes s’étaient levés, qui avaient repris la poursuite ardente.

Puis, tout à coup, Jim Hall disparut ; vainement les chiens quêtèrent sur sa piste perdue. Jusque dans les vallées les plus lointaines, d’inoffensifs bergers se voyaient mettre la main au collet, par des hommes armés, et étaient contraints de prouver leur identité. Et, simultanément, en une douzaine de flancs de montagnes, les restes du convict étaient soi-disant découverts par des gens avides de toucher la prime du sang.

Les journaux, cependant, étaient lus à Sierra-