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XXIV

L’APPEL DE L’ESPÈCE


Les mois passèrent. La nourriture, à Sierra Vista, était abondante, et le travail était nul. Croc-Blanc, gras et prospère, vivait heureux. Non seulement il se trouvait matériellement sur la Terre du Sud, mais l’existence s’épanouissait pour lui comme un été. Aucun entourage hostile ne l’enveloppait plus. Le danger, le mal et la mort ne rôdaient plus dans l’ombre ; la menace de l’Inconnu et sa terreur s’étaient évanouies. Seule, Collie n’avait pas pardonné le meurtre des poulets et décevait toutes les tentatives de Scott pour la réconcilier avec Croc-Blanc. Elle était une peste pour le coupable, s’attachait à ses pas comme un policeman. S’il s’arrêtait un instant, pour se divertir à regarder un pigeon ou une poule, elle fonçait sur lui aussitôt. Le meilleur moyen de la calmer qu’eût trouvé Croc-Blanc était de s’accroupir par terre, sa tête entre les pattes, et semblant dormir. Elle en était toute décontenancée et se taisait net.

Inconsciemment, Croc-Blanc oubliait la neige. Parfois seulement, durant les grosses chaleurs de