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tentant de gronder pour les tenir à distance et les empêcher de mordre. Même si un coup de dent l’atteignait, il refusait de se battre. Un jour, les maîtres des chiens poussèrent ouvertement sur lui ces méchants animaux. Le maître arrêta sa voiture.

— Allez ! Allez sur eux ! dit-il.

Croc-Blanc hésitait. Il regarda le maître, regarda les chiens, et il demanda des yeux s’il comprenait bien. Le maître fit un signe affirmatif, avec sa tête.

— Allez sur eux, vieux ! répéta-t-il. Allez sur eux, vieux compagnon, et mangez-les !

Croc-Blanc se rua sur ses ennemis, qui firent face. Il y eut un grand brouhaha, des cris, des grondements, des claquements de dents, une bousculade de corps. Un nuage de poussière s’éleva de la route et cacha la bataille. Au bout de quelques minutes, deux gisaient, abattus, et le troisième était en fuite. Il traversa une mare, franchit une haie et gagna les champs. Croc-Blanc le suivit, de son allure de loup, muette et rapide, le rejoignit et l’égorgea.

Après cette triple exécution, il n’y eut plus de querelles avec aucuns chiens. Le bruit s’en répandit dans toute la région et les hommes défendirent à leurs chiens de molester Croc-Blanc.