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sur leurs perchoirs, il grimpa sur une pile de bois, qui était voisine, d’où il gagna le toit du poulailler. Il se laissa, de là, glisser sur le sol et pénétra dans la place. Ce fut un carnage bien conditionné. Lorsque, le matin, Scott sortit, cinquante poules blanches de Leghorn, dont les cadavres étaient restés à dévorer, accueillirent son regard, soigneusement alignées par le groom, sur le perron de la maison.

Le maître siffla, surpris et plein d’admiration pour ce chef-d’œuvre, et Croc-Blanc accourut, qui le regardait dans les yeux, sans honte aucune. Loin d’avoir conscience de son crime, il marchait avec orgueil, comme s’il avait accompli une action méritoire et digne d’éloges. Scott se pinça les lèvres, navré de sévir, et parla durement. Il n’y avait que colère dans sa voix. Puis, s’étant emparé de Croc-Blanc, il lui tint le nez sur les poulets assassinés et, en même temps, le gifla lourdement.

Lorsque Croc-Blanc était, autrefois, giflé par Castor-Gris ou par Beauty-Smith, il en éprouvait une souffrance physique. Maintenant, s’il arrivait qu’il le fût par le dieu d’amour, le coup, quoique plus léger, entrait plus profondément en lui. La moindre tape lui semblait plus dure à supporter que, jadis, la pire bastonnade. Car elle signifiait que le maître était mécontent. Jamais plus il ne courut après un poulet.

Bien plus, Scott l’ayant conduit, dans le poulailler même, au milieu des poulets survivants, Croc-Blanc, en voyant sous son nez la vivante nourriture, fut sur le point, tout d’abord, de céder à