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l’attendait. Mais toujours il déconcertait cet espoir. Non moins rapide était la promptitude de son attaque. À ce point qu’il mettait à mal son adversaire neuf fois sur dix, avant même que celui-ci se fût paré pour la défense. Le fait se renouvela si souvent que l’usage s’établit de ne point lâcher Croc-Blanc avant que le chien adverse eût achevé ses préliminaires de bataille, ou même se fût rué le premier à l’assaut.

Peu à peu, les rencontres de ce genre se firent plus rares. Les partenaires se décourageaient, ne trouvant plus de champion de force équivalente à lui opposer. Beauty-Smith était forcé de lui donner à combattre des loups, qu’il se procurait. Ces loups étaient capturés au piège, par des Indiens, et l’annonce d’un de ces duels ne manquait pas d’attirer un important concours de spectateurs.

On alla jusqu’à lui présenter une grande femelle de lynx et, cette fois, il combattit pour sa vie. La vitesse du lynx valait la sienne et sa férocité n’était pas inférieure à celle de Croc-Blanc. Tandis qu’il n’avait que ses crocs pour seules armes, le lynx luttait avec toutes les griffes de ses quatre pattes, en même temps qu’avec ses dents acérées. La victoire resta cependant à Croc-Blanc et les combats cessèrent jusqu’à nouvel ordre. Il avait épuisé toutes les variétés possibles d’adversaires.

Il redevint donc un simple objet d’exhibition. Cela dura jusqu’au printemps, lorsque advint dans le pays un nommé Tim Keenan, tenancier de jeux, qui amenait avec lui le premier bull-dog que l’on eût vu au Klondike. Que ce chien et Croc-Blanc