Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.

enclos, le chien qui accompagnait ce passant et qui grondait méchamment, en insultant à son malheur. Il haïssait les matériaux de l’enclos qui l’emprisonnait et bientôt, par-dessus tout, il prit en haine Beauty-Smith.

Mais Beauté avait un but dans sa conduite. Un beau jour, un certain nombre d’hommes blancs se réunirent autour de l’enclos de Croc-Blanc, et Beauté, étant entré, gourdin en main, détacha la chaîne du cou du jeune loup. Celui-ci, lorsque son maître fut sorti, put aller et venir en liberté dans l’enclos et commença par vouloir se jeter sur les hommes blancs qui étaient dehors. Il était magnifiquement terrible. Sa taille atteignait alors plus de cinq pieds de long et deux pieds et demi à la hauteur de l’épaule. Il avait hérité, par sa mère, des lourdes proportions du chien, en sorte qu’il pesait, sans une once de graisse ni de chair superflue, dans les quatre-vingt-dix pounds[1]. Il était tout muscles, tout os et tout nerfs, ce qui est la plus belle condition d’un combattant.

La porte de l’enclos s’ouvrit à nouveau. Croc-Blanc attendit. Quelque chose d’extraordinaire allait, sans nul doute, se produire. La porte s’ouvrit moins étroitement, puis se referma, à toute volée, sur un énorme mâtin qu’elle avait laissé passer.

Croc-Blanc n’avait jamais vu de chien de cette espèce, mais il ne fut troublé, ni de la forte taille, ni de l’air arrogant de l’intrus. Il ne vit en lui qu’un objet, qui n’était ni bois ni fer, et sur

  1. Pound, poids de 453 gr. 568. (Note des Traducteurs).