« Je suis, écrivait-il, un adepte du travail méthodique et je n’attends jamais l’inspiration. D’un tempérament naturellement insouciant et fantaisiste, facilement mélancolique, je suis arrivé à vaincre ces deux défauts. La discipline que j’ai connue comme matelot a toujours laissé sur moi son empreinte et peut-être lui suis-je redevable de la régularité de ma vie actuelle. Je ne prends que cinq heures et demie de sommeil, limite précise que je m’accorde, et rien n’a jamais été capable de me retenir plus longtemps au lit. »
Les portraits de Jack London nous le montrent avec une large carrure et de puissantes épaules — celles qui portaient les sacs de charbon, — des yeux flambants d’intelligence dans sa face rasée, et un menton proéminent, énergique et volontaire. D’autres portraits de lui l’évoquent en boxeur, à demi nu, et faisant valoir les muscles de sa poitrine et la force de ses biceps.
En parfait Américain, en effet, il était devenu un fervent de tous les sports. « J’aime la boxe, la natation, le yachting et même le cerf-volant. Bien qu’aimant la ville, je préfère habiter sa banlieue et jouir, près de la ville, de la campagne où la vie est meilleure et plus naturelle. Je regrette de n’avoir pas appris la musique. Aujourd’hui je m’adonnerais volontiers à la poésie, si je possédais pour vivre un ou deux millions de dollars. » Un ou deux millions de dollars pour faire décemment bouillir la marmite… L’ancien pilleur d’huîtres et débardeur avait, avouons-le, fait du chemin.
La mort, hélas ! fauchait en 1916, à quarante ans et en pleine production, ce curieux et robuste gaillard. Depuis longtemps déjà il souffrait d’une entérite chro-