Cet horizon n’était plus celui du travail manuel, si noble qu’il fût, et que force est bien d’abandonner, dans la société, à ceux qui n’en peuvent accomplir d’autre. Il y avait d’ailleurs pléthore de main-d’œuvre en Californie. Matériellement même, la littérature était pour Jack le salut.
Il commença par rédiger un récit d’un voyage au Klondike, qui ne trouva pas d’amateur. Un roman fut pareillement dédaigné. Mais un magazine californien accepta et publia un conte, qui fut payé cinq dollars et eut du succès. Un autre magazine demanda un deuxième conte et le paya quarante dollars. « Les choses commençaient à prendre tournure et il devenait probable que je n’aurais plus besoin, pendant quelque temps tout au moins, de décharger du charbon. » Pour beaucoup qu’il eût vécu, Jack n’avait que vingt-quatre ans. Malgré ses défauts et ses tares, cette société, maudite par lui dans sa misère, lui tendait la main et se trouvait, en somme, avoir du bon.
En 1900, paraissait le premier volume de Jack London, The Son of the Wolf (le Fils du Loup), recueil de récits du pays de l’or. « Dès alors j’aurais pu, dit-il, gagner des sommes importantes comme journaliste. Mais je m’y refusai, estimant qu’un journal, cette machine à tuer les hommes, n’est nullement ce qui confient à un jeune homme, à l’époque de sa formation. »
Il continua donc à produire de nouveaux volumes qui, au nombre de cinquante, se succédèrent sans interruption : L’Appel du Wild, le Loup des Mers, Avant Adam, Radieuse Aurore, La Vallée de la Lune, Jerry des Îles, Le Talon de Fer, Le Vagabond des Étoiles, Michaël, frère de Jerry, etc., auxquels il faut ajouter trois pièces de théâtre.