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sur l’intrus et entrait ses dents où il pouvait. Son goût pour la solitude et son éloignement instinctif des autres chiens le désignaient d’eux-mêmes pour ce rôle de gardien des biens de Castor-Gris, qui l’entraîna et le dressa à cet emploi. Il n’en devint que plus revêche et plus sauvage encore. Ainsi se scellaient et se précisaient les termes du contrat signé par Croc-Blanc avec l’homme. Contre la possession d’un dieu de chair et de sang il échangeait sa propre liberté. Nourriture et feu, protection et société étaient au premier rang des dons qu’il recevait du dieu. En retour, il gardait les biens du dieu, défendait sa personne, travaillait pour lui et lui obéissait.

Kiche même était devenue un souvenir du passé. Le louveteau, pour se livrer à l’homme, avait abandonné à tout jamais la liberté, le Wild et sa race. S’il lui arrivait de rencontrer Kiche, les termes du contrat lui interdiraient de la suivre. C’était un devoir qu’accomplissait Croc-Blanc envers le dieu qui était le sien. Mais dans ce devoir n’entrait pas d’amour. L’amour était un sentiment qu’il continuait à ignorer.