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XI

LE PARIA


Lip-Lip continuait à assombrir les jours de Croc-Blanc. Celui-ci en devint plus méchant et plus féroce qu’il ne l’eût été de sa nature. Il acquit, parmi les animaux-hommes eux-mêmes, une réputation déplorable. S’il y avait, quelque part dans le camp, du trouble et des rumeurs, des cris et des batailles, ou si une femme se lamentait pour un morceau de viande qu’on lui avait volé, on était sûr de trouver Croc-Blanc mêlé à l’affaire. Les animaux-hommes ne s’inquiétèrent pas de rechercher les causes de sa conduite ; ils ne virent que les effets, et les effets étaient mauvais. Il était pour tous un perfide voleur, un mécréant qui ne songeait qu’à mal faire, un perturbateur endurci. Tandis qu’il les regardait d’un air narquois et toujours prêt à fuir sous une grêle éventuelle de cailloux, les femmes irritées ne cessaient de lui répéter qu’il était un loup, un indigne loup, destiné à faire une mauvaise fin.

Il se trouva de la sorte proscrit parmi la population du camp.

Tous les jeunes chiens suivaient envers lui la