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sa main sur sa tête et elle ne fit que s’en aplatir davantage. Elle ne grondait, ni ne tentait de mordre. Les autres Indiens s’étaient pareillement rapprochés et, rangés autour de la louve, ils la palpaient et caressaient, sans aviver chez elle la moindre velléité de résistance ou de révolte.

Les cinq hommes étaient fort excités et leurs bouches menaient grand bruit. Mais comme ce bruit n’avait rien de menaçant, le louveteau se décida à venir se coucher près de sa mère, se hérissant encore de temps à autre, mais faisant de son mieux pour se soumettre.

— Ce qui se passe n’a rien de surprenant, dit un des Indiens. Le père de Kiche était un loup. Il est vrai que sa mère était une chienne. Mais mon frère ne l’avait-il pas attachée dans les bois, trois nuits durant, au moment de la saison des amours. Alors c’est un loup qui la couvrit.

— Un an s’est écoulé, Castor-Gris[1], depuis que Kiche s’est échappée.

— Tu comptes bien, Langue-de-Saumon[2]. C’était à l’époque de la famine que nous avons subie, alors que nous n’avions plus de viande à donner aux chiens.

— Elle a vécu avec les loups, dit un troisième Indien.

— Cela paraît juste, Trois-Aigles[3], répartit Castor-Gris, en touchant de sa main le louveteau, et en voici la preuve.

  1. Grey Beaver.
  2. Salmon Tongue.
  3. Three Eagles.