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Le louveteau ne distinguait pas grand chose de la bataille. Les deux bêtes grondaient, crachaient, hurlaient et s’entredéchiraient. Le lynx combattait des griffes et des dents ; la louve n’usait que de ses dents. Le louveteau, profitant d’un moment propice, s’élança, lui aussi, et enfonça ses crocs dans une des pattes de derrière du lynx. Il s’y suspendit en grognant et, sans qu’il s’en rendît compte, il paralysa par son poids les mouvements de cette patte, apportant ainsi à sa mère une aide appréciable. Un virement du combat, entre les deux adversaires, le refoula et lui fit lâcher prise.

L’instant d’après, mère-louve et mère-lynx étaient séparées. Avant qu’elles ne se ruassent à nouveau l’une contre l’autre, le lynx frappa le louveteau d’un coup de sa large patte de devant, qui lui lacéra l’épaule jusqu’à l’os et l’envoya rouler contre le mur de la caverne. Ses cris aigus et ses hurlements plaintifs s’ajoutèrent au vacarme des rugissements.

Il avait cessé de gémir que la lutte durait encore. Il eut le temps d’être repris d’un second accès de bravoure et la bataille, en se terminant, le retrouva rageusement pendu à la patte de derrière du lynx.

Celui-ci avait succombé. La louve était, pour sa part, fort mal en point. Elle tenta de caresser le louveteau et de lécher son épaule blessée. Mais le sang qu’elle avait perdu avait à ce point épuisé ses forces qu’elle demeura, tout un jour et toute une nuit, étendue sur le corps de son ennemi, sans pouvoir faire un mouvement et respirant à peine. Pendant une semaine entière, elle ne quitta point