lette. Maintenant que sa progéniture était en sûreté, elle ne bondit pas sur lui. Elle approchait avec précaution, et le louveteau eut tout le temps d’observer son corps mince et long, onduleux comme celui du serpent, dont elle avait également la tête ardente et dressée. Son cri aigu et agressif fit se hérisser les poils sur le dos du louveteau, tandis qu’il grondait, menaçant lui aussi. Elle approcha plus près, plus près encore. Puis il y eut un saut, si rapide que la vue inexercée du louveteau ne put le suivre, et le mince corps jaune disparut, durant un moment, du champ de son regard. Mais déjà la belette s’était attachée à sa gorge, ensevelissant ses dents dans le poil et dans la chair.
Il tenta d’abord de gronder et de combattre, mais il était trop jeune et c’était sa première sortie dans le monde. Son grondement se mua en plainte, son combat en efforts pour s’échapper. La belette ne détendait pas sa morsure. Suspendue à cette gorge, elle la fouillait des dents, pour y trouver la grosse veine où bouillonnait le sang de la vie, car c’était là surtout qu’elle aimait à le boire.
Le louveteau allait mourir et nous n’aurions pas eu à raconter son histoire, si la mère-louve n’était accourue, bondissant à travers les broussailles. La belette, laissant le louveteau, s’élança à la gorge de la louve, la manqua, mais s’attacha à sa mâchoire. La louve, secouant sa tête en coup de fouet, fit lâcher prise à la belette, la projeta violemment en l’air et, avant que le mince corps jaune fût retombé, elle le happa au passage.