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visite sur mon navire, que j’avais regagné et qui allait bientôt lever l’ancre.

« Il me déclara qu’il était actuellement dans une fâcheuse purée et me demanda si je voulais bien l’engager comme mousse, comme cuisinier, comme subrécargue, ou comme simple matelot[1].

« Il ignorait, m’avoua-t-il, le premier mot d’une quelconque de ces fonctions. Mais il m’assura qu’il ferait pour le mieux.

« Je ne lui cachai pas, de mon côté, que le métier de recruteur avait ses dangers. Il ne possédait alors, en effet, aucun statut légal. Nous ne pouvions compter, le cas échéant, sur aucune protection de la part des autorités constituées et, si nous entrions en affaires avec les noirs, que nous récoltions un peu partout dans les mers du Sud, c’était entièrement à nos risques et périls.

« Nous pouvions être estourbis par eux sans que personne y prêtât la moindre attention. Bref, le métier était rude et chaque croisière était susceptible d’un excellent rapport, de même que nous pouvions y périr.

« Saxtorph me répondit que les risques à courir lui étaient indifférents.

« Je n’avais en réalité nul besoin de lui, l’équipage étant au complet, Mais, eu égard à son exploit nocturne, je l’engageai comme matelot, avec un salaire de trois livres par mois.

« Nous mîmes à la voile et je ne tardai pas à m’apercevoir qu’il n’était propre à rien.

  1. Le subrécargue, sur un navire, a pour emploi de veiller sur la cargaison.