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porter le premier coup, le bonheur de me décapiter et de toucher la prime.

Cette confusion générale me fut une chance et j’évitai, en me jetant sur le sable, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, plusieurs coups qui, bien assenés, eussent été mortels.

C’est alors que survint Otoo.

Il s’était muni, je ne sais où, d’une grosse massue de guerre qui, dans un combat corps à corps, était autrement efficace qu’un fusil.

Sans hésiter, il se lança en plein dans la mêlée, abattant de son arme, qu’il faisait tourner avec une fureur inouïe, javelots et tomahawks. Partout, autour de lui, les crânes éclataient comme des grenades mûres.

Quand il se fut ainsi frayé un passage à travers la horde, il me ramena dans ses bras, en courant vers le canot. Non sans recevoir, par derrière, quatre javelots.

Dans le canot, il prit son Winchester et en guise d’adieu tira une demi-douzaine de balles sur les têtes crépues, en abattant une à chaque coup.

Nous ralliâmes ensuite la goélette qui nous avait amenés, et nos blessures, dont aucune heureusement n’était grave, furent pansées.

Cette vie commune, je l’ai dit, dura dix-sept ans. Puis elle prit fin, comme tout, ici-bas, se termine.

L’événement se produisit dans l’archipel des