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Au bout d’un an, je me fâchai.

« Otoo, m’écriai-je, tu te moques de moi ! Ta part de bénéfices, pour l’année écoulée, se monte à plusieurs milliers de dollars.

« Et j’apprends à l’instant, par le commis, que tu n’as en tout et pour tout retiré en ton nom que quatre-vingt-sept dollars et vingt cents !

« Tu n’es qu’un vieil avare, un misérable grippe-sou, un crabe qui ne sait rien que se traîner sur le ventre.

— Alors, me demanda-t-il inquiet, je n’ai pas trop pris ? Quelque chose reste vraiment à mon compte ?

— Quelque chose ? Plusieurs milliers de dollars, te dis-je ! »,

La figure d’Otoo se rasséréna.

« En ce cas, dit-il, tout va bien. Il faut veiller à ce que le commis tienne un compte exact de cette somme. Je la réclamerai quand j’en aurai besoin. »

Et il ajouta avec force, presque sauvagement :

« Si un shilling manquait, le commis aurait à le rembourser sur son propre argent ! »

Or, savez-vous ce qu’Otoo avait fait, secrètement, de sa part d’associé passée et future ? Je vous le donne en mille.

Il me l’avait tout bonnement dévolue, je le sus plus tard, en m’instituant son légataire universel, par un testament rédigé dans les formes, et qui était enclos dans le coffre-fort du consul américain.