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Sans me prévenir, il se mêla à des marins de couleur, qui déambulaient sur le port et qui avaient bourlingué sur tous les océans.

Habilement, il les interrogea et les fit parler, et réunit les données nécessaires, qui confirmaient ses soupçons. Puis il s’en vint me découvrir le pot-aux-roses.

J’en fus abasourdi et ne pouvais croire tout ce qui m’était raconté.

Mais, quand j’entrepris Randolph Waters sur ce sujet épineux, le coquin balbutia je ne sais quoi, nia faiblement et, en manière de conclusion, déguerpit de Papeete par le premier vapeur qui leva l’ancre.

Au début, je ne m’en cache pas, je me sentis un peu humilié de ce rôle d’ange gardien qu’Otoo jouait près de moi.

Humilié d’autant plus que souvent il me dépassait en clairvoyance, ce dont souffrait mon orgueil.

Mais il était si réellement sage, et si discret dans ses conseils, il prenait tellement à cœur tous mes intérêts, que je finis par accepter sans rancune tout le bien dont je lui étais redevable.

J’étais jeune alors, avec une magnifique insouciance, et j’aurais sans lui manqué plus d’un soir de billet de logement.

« Maître, me disait-il souvent, mets de l’argent de côté, Tu peux en gagner à cette heure, mais il n’en ira plus de même quand tu seras vieux.