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Otoo, qui avait tout d’abord haussé les épaules devant les provocations dont il était l’objet, comprit qu’il fallait combattre.

Je ne crois pas que l’affaire ait duré quatre minutes. En un clin d’œil, Bill King avait quatre côtes enfoncées, un avant-bras brisé et une omoplate démolie.

Otoo, remarquez-le bien, ignorait tout des règles de la boxe. Il savait tout simplement traiter un homme selon ses mérites. Bill King en eut pour trois mois à se remettre de la volée qu’il avait reçue.

Mais je cours le galop et il me faut revenir en arrière, à mon récit.

Otoo et moi, nous nous partageâmes donc la jouissance du panneau. Alternativement, l’un de nous se reposait, couché à plat ventre sur le bois, tandis que l’autre, dans l’eau jusqu’au cou, se retenait simplement des mains.

En nous relayant de la sorte, nous dérivâmes des jours et des nuits, sur l’océan. J’avais fini par délirer, Et quand me survenait un éclair de raison, j’entendais pareillement Otoo qui, dans son idiome natal, caquetait et divaguait.

L’eau, qui nous pénétrait les pores de la peau, par un curieux effet physiologique, nous tenait lieu de boisson et nous empêchait de mourir de soif. Elle nous rafraîchissait aussi l’extérieur du corps, Car un soleil de feu nous arrosait le crâne, nous brûlait le dos, les bras et les épaules.

Je me réveillai finalement à vingt pieds du rivage, sur la grève d’une petite île, abrité de la