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Un seul fait était certain, J’étais là parmi les flots, et je n’avais rien d’autre à chercher que le moyen de me tirer d’affaire, de mon mieux.

Ce mieux n’était pas particulièrement attrayant. La mer, cependant, était un peu moins grosse et plus régulière, Le centre du cyclone s’était déplacé.

Et il n’y avait plus de requins. La violence de l’ouragan avait dissipé la horde affamée qui, jusqu’alors, entourait le navire de mort et se repaissait de ses cadavres.

Il pouvait être environ deux heures de l’après-midi, quand je fus projeté contre un panneau d’écoutille provenant de la goélette disparue.

Une pluie drue ruisselait, voilant la vue, et ce fut pour moi une chance inespérée d’être jeté contre ce panneau.

Une corde y était encore attenante, et je savais qu’avec ce morceau de bois et ce bout de chanvre, je pouvais résister un jour au moins, si les requins ne reparaissaient pas.

Trois heures après environ, tandis que j’étais cramponné au panneau, les yeux mi-clos pour les protéger de l’eau de mer, la bouche également mi-close afin de respirer sans boire, en temps opportun, l’air nécessaire à mes poumons, il me sembla entendre des voix.

La pluie avait cessé. Mer et vent s’étaient merveilleusement apaisés. Qu’est-ce que je vois, à vingt pieds devant moi ? Le capitaine Oudouse et le « païen », pareillement cramponnés à un autre panneau !

Et ils se battaient pour son unique possession.