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Ils furent instantanément projetés par-dessus bord, en même temps que les débris de nos deux canots.

Je réussis à conduire jusqu’aux cabines intérieures une quinzaine de femmes et d’enfants, et les y enfermai, Ce qui, comme on le verra par la suite, n’améliora pas leur sort.

Pire encore que la mer était le vent. Ce vent, que j’appelle ainsi, faute d’un autre terme, vous arrachait du corps les vêtements. Il les arrachait et lacérait, au pied de la lettre. Vous me croirez si vous voulez.

Il y a des instants où le souvenir seul de cette monstruosité me semble irréel. Je n’y crois pas moi-même, Avoir subi ce vent et avoir survécu… Chose inouïe et qui dépasse l’imagination.

Figurez-vous des millions et des milliards de tonnes de sable qui, dans l’air, se précipitent sur vous à une vitesse de cent milles à l’heure. Je dis cent milles comme je dirais cent cinquante ou deux cents milles, ou n’importe quel chiffre.

Un sable invisible, impalpable, Mais qui n’en Conservait pas moins son poids et sa densité,

Du sable ? Je dirais mieux : de la boue. De la boue incolore, intangible, ayant cependant sa lourdeur naturelle et formant dans l’atmosphère comme des bancs compacts, innombrables, qui vous heurtaient.

Essayez de comprendre ce que je vous explique. Je ne puis dire mieux, Il y a certaines choses auxquelles manquent les mots adéquats.

Il va de soi que pas un débris de voilure, pas