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— « Ne nous frappons pas, capitaine, et laissons-nous porter. »

Le pont du Pyrénéen chauffait davantage encore. Les grosses semelles des souliers des hommes se racornissaient et ne suffisaient plus à leur protéger les pieds. Pour se rendre d’un point à un autre du navire, ils étaient obligés de courir.

Parallèlement augmentait l’âcreté de la fumée. Les yeux s’injectaient de sang et, comme s’il eût été composé de tuberculeux, tout l’équipage toussait, crachait et s’étranglait.

Dans l’après-midi, le capitaine Davenport qui, sans nulle élégance, marchait à cloche-pied, fit du pont une dernière inspection.

« C’est maintenant, dit-il à Mr Konig et à Mac Coy, une affaire d’heures. »

Par son ordre, les canots furent parés et équipés. Les derniers paquets de bananes sèches y furent placés, ainsi qu’une boussole et les instruments nécessaire à faire le point.

Quand le soleil commença à décliner sur l’horizon, chacun à bord regardait son voisin avec des yeux creux et une face spectrale. Il n’était personne qui ne parût stupéfait de voir le Pyrénéen encore entier et de se trouver encore en vie, parmi ses frères de misère.

« Terre ! » cria la vigie postée au faîte du grand mât. Mac Coy se hissa rapidement jusqu’à l’homme et, quand il fut redescendu, déclara, sans se départir de son calme coutumier :

« C’est Fakarava. Le vent, qui augmente juste à point, et le courant nous y portent en plein. »