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« C’est ainsi que Timiti fut tué par derrière, par sa femme, tandis que celle-ci lui peignait les cheveux. Car elle voulait un blanc pour mari.

« Pour le même motif, la femme de Tulalou tua son mari, tandis qu’il dormait paisiblement dans une caverne.

« Puis les Tahitiennes tuèrent aussi, par jalousie, un grand nombre de femmes de l’île.

« Tout le monde tuait tout le monde. De ces malheureux Dieu avait détourné sa face.

« Au bout de deux ans, aucun navire n’étant venu pendant ce temps recueillir et rapatrier les naufragés, il ne restait plus que quatre blancs survivants : Young, John Adams, Quintal et, Mac Coy, qui était mon arrière-grand-père.

« Quintal était une vraie brute. Un jour, simplement parce que sa femme n’avait pas pris assez de poisson pour le dîner, il lui trancha l’oreille d’un coup de dent.

— Une jolie collection ! commenta Mr Konig.

— Que voulez-vous ? répondit Mac Coy. Les mœurs n’étaient pas autrefois ce qu’elles sont aujourd’hui.

« Je reprends mon histoire.

« Mon arrière-grand-père ne fut pas tué comme les autres. Mais il se tua lui-même. Il avait confectionné un alambic, où il fabriquait de l’alcool avec les racines de la plante ti.

« Son principal bonheur consistait à boire sans désemparer, en compagnie de Quintal, qui était son intime ami. L’un et l’autre étaient toujours ivres.