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refusa d’obéir au gouvernail. Un furieux courant le dressait dans la direction du récif, qui était constitué par une roche basse, noire et déchiquetée, sur laquelle les vagues déferlaient incessamment et où les oiseaux de mer eux-mêmes n’auraient pu trouver un refuge.

Le Pyrénéen l’échappa de peu. Il vint jusqu’à une centaine de mètres de la roche ; puis, de lui-même, s’en éloigna rapidement.

Le courant qui l’avait amené avait brusquement changé de direction.

« Ce sont des eaux maudites, maudites, maudites… », balbutiait le capitaine Davenport, pâle comme la mort.

« Jusqu’à ce jour, j’ignorais tout des Pomotou. Quand le capitaine Moyendale, après y avoir perdu son navire, me contait, sur leur archipel et sur son régime maritime, des histoires horrifiantes, je riais de lui, derrière son dos.

« Oui, Dieu me pardonne, j’ai ri de lui.

« Et comment, s’il vous plaît, Mr. Mac Coy, se nomme ce morne récif ?

— Je ne sais pas, capitaine.

— Pourquoi ne le savez-vous pas ?

— Parce que jamais, auparavant, je ne lavais vu. Parce que jamais je n’en avais, non plus, entendu parler.

« Aucune carte ne le signale. La topographie de ces parages laisse fort à désirer.

— En sorte que vous ne pouvez dire exactement où nous sommes ?

— Pas plus que vous, capitaine. »