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Raoul se retrouva, au premier abord, quelque peu désappointé. Puis il réfléchit que la question se trouvait ainsi tranchée. Ses dernières hésitations étaient, du coup, terminées.

Seuls, les vingt-cinq mille francs donnés par Lévy l’intriguaient. La perle valait-elle, réellement, un tel prix ?

Le juif était dur à la détente et, pour qu’il eût lâché une pareille somme… Ou bien était-ce le manchot qui se trompait ?

Afin d’en avoir le cœur net, Raoul décida d’aller quérir, près du capitaine Lynch, de plus amples renseignements.

Il trouva le vieux marin béant devant son baromètre.

« Regardez vous-même ! dit le capitaine, en essuyant ses lunettes. Ou bien est-ce moi qui fais erreur ? L’aiguille est en train de se renverser.

— C’est exact, répondit Raoul. Jamais encore, dans ma vie, je n’avais vu cela.

— Ni moi non plus ! grogna le capitaine Lynch, d’une voix mal assurée. Cinquante ans durant, homme et jeune homme, j’ai bourlingué sur toutes les mers. Et jamais, non jamais… C’est une tornade qui nous arrive. Écoutez. »

Le rugissement des vagues sur les coraux devenait à ce point intense que la maison en tremblait.

Raoul se fit confirmer le troc de la perle, aux conditions indiquées par le manchot, et s’en retourna vers son canot.