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pareille n’a été pêchée à Hikouérou, ni dans les Touamotou, ni nulle part dans le monde.

« Mapouhi est un naïf. En outre, il vous doit de l’argent… Vous n’oublierez pas que vous tenez de moi le renseignement.

« Avez-vous du tabac sur vous ? »

Toriki lança un cigare au manchot et fonça droit vers la paillote de Mapouhi.

C’était un fort gaillard, taillé à coups de hache et d’allure vulgaire.

Il regarda, d’un air distrait, la perle admirable que lui tendait Mapouhi, la prit dans sa main et la fourra dans sa poche.

« Mapouhi, dit-il en guise de commentaire, tu es un veinard d’avoir pêché une aussi belle perle. Je l’accepte volontiers et la porterai en compte, sur mes livres.

— Je veux une maison…, commença Mapouhi consterné. Elle doit avoir six toises de long…

— Il te faut d’abord payer tes dettes, répondit Toriki. Tu me dois, au total, douze cents dollars du Chili. Très bien. Je prends la perle pour cette valeur et tu ne me dois plus rien. »

Et, comme le nez de Mapouhi s’allongeait de plus en plus :

« Je t’ouvre, en outre, un crédit de deux cents autres dollars. Et si, à Tahiti, je trouve un bon prix de ta perle, je te porterai ton crédit à cinq cents dollars.

« Mais attention ! J’ai dit : si la perle se vend bien. Car il est possible que je perde même au marché. »