Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/207

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il n’avait, sur ce point, que de vagues notions. Combien coûteraient les matériaux, leur embarquement et leur transport, de Tahiti à Fakarava, puis leur débarquement et la construction proprement dite ?

Avec la marge nécessaire pour l’imprévu, la dépense pouvait, en chiffres ronds, s’évaluer, en argent français, à vingt mille francs[1].

C’était cher, évidemment. Et la perle les valait-elle ? Se prononcer sur ce point était imprudent de sa part, estimait Raoul.

Il traitait au nom de sa mère et c’était sa mère qui paierait. Il n’avait pas le droit de risquer une pareille somme.

« Mapouhi, répondit-il, tu n’es qu’un sot. Laisse ta maison tranquille et donne-moi un prix en monnaie courante. »

Mais Mapouhi s’obstinait. Il secoua la tête et derrière lui, simultanément, les trois autres têtes firent de même.

« Je veux une maison, dit-il. Une maison qui ait six toises de long, avec une véranda tout autour.

— Oui, oui…, coupa Raoul. Je sais la maison que tu veux. Mais je ne marche pas. Je te donnerai mille dollars du Chili. »

Silencieusement, les quatre sombres têtes firent non, à l’unisson.

« Et mille dollars encore du Chili, en marchandises.

— Je veux la maison, répéta Mapouhi.

  1. Il s’agit ici de francs d’avant 1914, c’est-à-dire de francs-or.