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profilèrent d’autres sombres visages, ceux de deux femmes et d’une jeune fille, prêtes à confirmer ses dires.

Les deux femmes étaient Téfara et Naouri, l’épouse et la mère de Mapouhi. L’autre, Ngakoura, était sa fille. Toutes trois se penchaient en avant et leurs prunelles étincelaient de convoitise.

« Je veux une maison, continua Mapouhi. Une maison telle qu’en construisent les Blancs.

« Elle devra avoir un toit de tôle ondulée et il y aura dedans une horloge à poids, avec un beau cadran. Elle aura six toises de long et une véranda tout autour.

« Il faut qu’il y ait, au centre, une grande chambre, avec une table au milieu et contre le mur, l’horloge à poids.

« Puis encore quatre chambres à coucher, deux à droite et deux à gauche, et dans chaque chambre un lit de fer, deux chaises et une table de toilette.

« Derrière la maison, il y aura aussi une cuisine, avec des pots, des casseroles et un fourneau. Et vous me ferez construire cette maison dans l’île Fakara, qui est mon île.

— Est-ce tout ? demanda Raoul, d’un air goguenard.

— Il faut encore une machine à coudre, déclara Téfara.

— Et n’oubliez pas l’horloge…, insista Naouri.

— Oui, c’est tout » prononça Mapouhi.

Raoul éclata de rire. Longtemps et de bon cœur il rit ainsi, tout en calculant à part lui la valeur que pouvait représenter la maison.