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ressac, le canot fit son entrée dans le calme miroir du lagon et atteignit bientôt le rivage.

Raoul y sauta sur le sable clair de la grève et se trouva nez à nez avec un indigène qui l’avait vu venir et l’attendait.

Cet homme était superbe d’épaules et de poitrine. Mais le bras droit n’était qu’un hideux moignon, d’où émergeait à nu, de plusieurs pouces, un os blanc lavé par la pluie, pareil à celui d’un squelette.

Cela signifiait que l’homme avait fait un jour la rencontre d’un requin, qui avait mis fin à son métier de plongeur et l’avait transformé en un mendigot, quêteur de pourboires.

« Alex, dit-il, connaissez-vous la nouvelle ? Mapouhi a trouvé une perle… Oh ! une perle… Jamais sa pareille n’a été pêchée à Hikouérou, ni dans les Touamotou, ni nulle part dans le monde.

« Elle est encore en sa possession. Achetez-la-lui. Et n’oubliez pas que vous tenez de moi le renseignement. Mapouhi est un naïf et vous obtiendrez la perle à bon compte.

« Avez-vous un peu de tabac sur vous ? »

Raoul jeta à l’homme un paquet de cigarettes et, s’éloignant du rivage, se dirigea vers une paillote que l’on apercevait, aux trois quarts enfouie dans le vaste feuillage d’un pandanus.

Courtier d’affaires de sa mère, Raoul était chargé par elle de peigner à fond les Touamotou pour en extraire tout ce qu’elles pouvaient offrir de précieux, depuis le coprah jusqu’à l’écaillé, la nacre et les perles.