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quand nous combattions contre les démons que sont les blancs.

« Nous regagnâmes la terre dans nos pirogues et entreprîmes, tout d’abord, de déblayer nos puits qui avaient été comblés au ras du sol avec des blocs de coraux, et souillés avec des cadavres.

« Puis, pendant des semaines entières, nous travaillâmes à pêcher le bêche-de-mer et à le mettre en état de conservation, à récolter des cocos et à les convertir en coprah.

« La fumée des feux, allumés pour cette double besogne, ne cessait de s’élever en nuages épais, sur toute la surface de l’île.

« Quand les goélettes furent bourrées, les capitaines nous convoquèrent tous, en une grande palabre, et nous annoncèrent qu’ils étaient très satisfaits de constater que la leçon nécessaire avait été imprimée au fer chaud dans nos cervelles,

« De nouveau, nous versâmes du sable sur nos têtes et jurâmes que, plus jamais, nous ne ferions de mal à aucun blanc.

« Les trois capitaines dirent qu’en ce cas tout était bien ; mais qu’avant leur départ, afin de ne pas être oubliés de nous, ils nous enverraient une étonnante sorcellerie, dont nous nous souviendrions chaque fois que nous serions tentés de retomber dans notre péché.

« Peu après le second nous amena dans un canot six des nôtres que nous croyions morts depuis longtemps, nous hurla une dernière fois son infernal Yah ! Yah ! Yah ! et les trois goélettes, hissant leurs voiles, cinglèrent vers le large.