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d’eau pour étancher notre soif, tandis que, sans un arbre pour nous donner son ombre, le soleil nous rôtissait à cru.

« Les petits enfants moururent. Les vieillards moururent. Les blessés moururent.

« Beaucoup d’hommes et de femmes, n’y pouvant plus tenir, se jetèrent à la mer et furent noyés. Le flot nous renvoya leurs cadavres, qui nous infectèrent et nous amenèrent des millions de mouches.

« Quelques hommes tentèrent de nager vers les goélettes, en faisant signe qu’ils désiraient parlementer et demandaient pardon. Mais ils furent abattus à coups de fusil.

« Le matin du troisème jour, les capitaines des trois goélettes vinrent nous trouver, accompagnés du second. Tous étaient armés de fusils et de revolvers. Ils nous déclarèrent qu’ils étaient fatigués de nous tuer et s’en tiendraient là.

« Nous leur jurâmes que nous avions, de notre mauvaise action du mois passé, tous les remords du monde, que jamais plus nous ne ferions de mal à un blanc et, en marque de soumission, nous nous versâmes du sable sur la tête.

« Les femmes pleuraient et criaient, en demandant de l’eau, C’était un vacarme effroyable.

« Les hommes blancs nous firent savoir, quand un peu de silence se fut rétabli, quelle serait notre punition. Nous devions, avant qu’elles reprissent la mer, remplir complètement les trois goélettes de bêches de mer et de coprah.

« Nous y consentîmes. Car nous savions maintenant que nous étions des enfants à la bataille,